Est-ce que les enfants font ce qu’ils veulent à l’école alternative ?

Lors des conférences que je donne avec mon fils (qui a fréquenté l’école alternative pendant son primaire), la question qui revient le plus souvent est la suivante : « Est-ce que les enfants font ce qu’ils veulent à l’école alternative ? »

Les gens ont tendance à penser qu’à l’école alternative, les enfants sont totalement libres de faire ce qu’ils veulent et qu’il n’y a aucune supervision de ce qui est fait ou pas. Cette croyance n’est pas fondée.

Il y a cependant une certaine liberté. Par exemple, lors des travaux personnels académiques (qu’on appelle TP), les enfants, après avoir fait les exercices demandés par la professeure, ont le droit de choisir quels autres TP ils ont envie de faire. Ils regardent le tableau de programmation et ils en viennent à décider ce sur quoi ils veulent mettre leurs efforts.

L’enfant a alors un sentiment de liberté, mais celui-ci est encadré dans la mesure où la professeure décide quoi mettre sur le tableau de programmation. Elle sait ce vers quoi elle veut les amener. Si un enfant décide de ne pas mettre à profit ces plages horaires allouées et de faire autres choses, il aura donc à finaliser ses TP pendant la fin de semaine, puisqu’il lui faut les remettre le lundi.

Il est souvent arrivé à mon fils de devoir finir ses exercices de TP pendant le weekend. Il a réalisé que cela l’empêchait de faire les activités qu’il avait envie de faire à la maison. Ce n’était pas amusant… Il s’est donc autodiscipliné pour faire en sorte de faire ses TP à l’école pendant les périodes allouées. Il a lui-même réalisé qu’il devait mieux gérer son horaire s’il espérait être libre de faire ce qu’il voulait durant la fin de semaine.

Une fois au secondaire (régulier privé), mon fils m’a dit : « Moi, maman, j’écoute dans mes cours et je prends des notes. Tant qu’à être là, aussi bien écouter et maximiser mon temps. Je n’ai pas envie de devoir refaire tout ça à la maison parce que je n’ai pas écouté en classe. »

Je suis convaincue que le fait d’avoir expérimenté la « liberté encadrée » au primaire alternatif l’a aidé à mieux saisir le principe de l’autodiscipline. Cela est venu de lui-même. On ne le lui a pas imposé en disant par exemple : « Fais ces travaux d’ici mercredi, sinon, il y aura une conséquence. » L’enfant, dans ce cas-ci, se soumet à l’autorité de peur de la punition. Par contre, dans le cas des l’école alternative, l’enfant en vient à réaliser qu’il est gagnant de faire ses TP pendant les périodes allouées. Il fait lui-même le lien et la discipline vient de l’intérieur.

Il est faux de croire que les enfants font ce qu’ils veulent à l’école alternative. On les encadre et leur donne tous les outils pour devenir autonomes. Ça s’apprend.

Et vous, pensez-vous que c’est une bonne idée de laisser les enfants gérer leur horaire dès le primaire ?