Autorité de sanctions ou autorité démocratique ?

Mon fils termine bientôt son secondaire 5. Il fait rarement son lit, sa chambre est toujours en désordre et il vide ses sacs à lunch seulement quand il n’y a plus de plats propres… Mais j’ai décidé que cela n’était pas important. .

Cependant, il pratique sa flûte traversière une heure par jour et avant ses auditions, il s’y exerçait deux heures quotidiennement. Il fait du patin de vitesse trois fois par semaine. Je n’ai jamais à lui dire de pratiquer ou de se préparer pour aller à son sport. Je n’ai jamais eu à lui dire de faire ses devoirs. Il s’est toujours de lui-même « imposé » une structure et j’en ai toujours été étonnée. Moi qui suis si peu autoritaire avec lui !

Je me suis longtemps questionnée à savoir d’où cela pouvait bien venir… Comment en était-il arrivé à avoir cette discipline ? C’est même souvent moi qui lui dis de relaxer et que c’est bon de ne rien faire parfois…

Dernièrement, pour parler de mon film, je suis allée à un rassemblement d’écoles alternatives. Le philosophe Georges Leroux était présent pour donner une conférence. Grâce à lui j’ai pu un peu mieux comprendre…

Je n’aime pas l’autorité. Je l’ai toujours fuit et je n’ai jamais eu le désir de l’exercer sur mon propre enfant. Même quand il était petit, je ne me souviens pas l’avoir jamais puni ou lui avoir imposé quoi que ce soit. Il a traversé l’adolescence sans punition ou conséquence. On lui a toujours expliqué les raisons pour lesquelles on voulait qu’il fasse quelque chose. Entre autres, il nous arrivait souvent de discuter ensemble de ce que nous voulions faire. Par exemple, lorsqu’il s’agissait de choisir un restaurant, mon fils, même tout-petit, pouvait donner son idée et proposer son préféré. J’ai réalisé que cette forme d’éducation était en lien direct avec ce qui se passait à son école alternative.

Il y existait des « forums de discussion ». Les enfants de la classe étaient invités à discuter de divers problèmes à l’école et à ensemble trouver des solutions. Grâce à Monsieur Leroux, j’ai compris que cet exercice était en soi un exemple de démocratie où tous avaient le droit de parole et où ils se sentaient libres de s’exprimer.

J’ai compris que les valeurs de l’approche alternative sont fondées sur la liberté. Ce n’est pas une éducation basée sur une autorité de sanction mais bien une éducation pour aider les jeunes à développer un « pacte démocratique ».

Entrevue sur le sujet. Lien ICI : https://vimeo.com/153292572

Lors d’une entrevue réalisée pour mon film, je me suis alors souvenue de Catherine, professeur de cinquième année, qui m’avait expliqué que la gestion de classe à l’école alternative est une gestion participative. Les élèves décident ensemble de la manière dont ils vont gérer leur classe. Ce n’est pas le professeur qui décide de tout mais bien les élèves qui en déterminent ensemble les balises. Ils travaillent à une « nouvelle autorité ». Ils reconnaissent ensemble ce à quoi ils décident de se soumettre.

Entrevue de Catherine. Lien ICI : https://vimeo.com/153152851

 Selon Monsieur Leroux, le mécanisme démocratique fait en sorte de distribuer l’autorité. L’autorité vient alors de l’intérieur de la classe. L’enfant est donc partie prenante du dispositif du pouvoir de l’école.

J’ai alors compris que, grâce à l’apprentissage de cette autorité démocratique (à l’école et à la maison), il n’y avait qu’un pas à faire pour que l’autorité vienne de lui-même. J’ai compris que mon propre fils avait intériorisé une autorité, qu’il décidait lui-même des balises qu’il voulait bien s’imposer en fonction de ses choix et de ses désirs.

Merci, Monsieur Leroux !

Pour en savoir plus sur ses idées : http://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/difference-liberte-2502.html

Et vous, que pensez-vous de l’autorité de sanctions ? De l’autorité démocratique ?